Compte-rendu de deux réunions de travail avec les ados du quartier des Halles

(9/05/03 et 16/05/03)

 

Réunion du 9/05/03

 

Etaient présents : Léonard, Virgile Clergue-Duval, Michaël Zarkan, Thomas Carr Brown, Anouk, Carole Roudot, Laura Caillaux-Bouillet, Gustave et Blaise Aguilella-Cueco, Nicolas Dupont, Johan Poquet, Youssef Moulehiawy, et quelques parents : Hélène Gonin, Jean-François Roudot, Sylvie Wrobleski, Régis Clergue-Duval, David Aguilella-Cueco, Françoise Joseph.

 

A l’issue d’une explication rapide des adultes sur les motifs de ces interrogations des adolescents par rapport au quartier, ceux-ci ont fait part des réflexions suivantes.

 

Les équipements qu’ils ne fréquentent pas au sein des Halles :

 

-         Sculpture de la" tête" : trop de monde

-         Rues et allées : trop de conflits avec les jeunes adultes errants.

-         Palais royal : interdiction au motif de trouble du repos des passants.

-         Piscine des halles : trop chère

-         " Centre d’animation des Halles" : créneaux horaires, inscription obligatoire.

-         " Jardin d’aventure" : limite d’age dépassée

-         " Forum des images" : vieux films !

-         " Maison du geste et de l’image" : c’est quoi ???

-         " Conservatoire" : non local mais parisien central.

 

Ce qu’ils souhaiteraient :

 

-         Jouer, se rencontrer inopinément.

-         Foot /basket  /hip hop /rampe de roller /half pipe /salle des fêtes

-         é quipements Berlioux ouverts sur des créneaux horaires plus larges (15h et 19h)

-         CIS plus largement ouvert.

-         Lieux de rencontres aérés et visibles de l’extérieur.

-         lieux de jeu : cartes.

-         Guignol

-         square face au jardin d’aventure: calme, oK!

-         Musique /théâtre sans horaires.

 

Comment mettre en évidence ces idées :

 

-         Au travers des parents, d’Accomplir?..

-         Directement par un film vidéo : essayer d’imaginer la manière de montrer et de dire simplement l’inadaptation ou les contraintes données par ces équipements en décalage avec préoccupations des adolescents ?

 

Réunion du 16/05/03

 

Une deuxième réunion a eu lieu au Forum Saint-Eustache le 16/05, à laquelle ont participé 21 personnes, dont une majorité d’ados (en partie les mêmes, et presque essentiellement des ados du 2ème arrondissement).

 

Régis introduit la réunion en rappelant les grandes données du projet et en soulignant que pour la mairie de Paris, du point de vue quantitatif, les équipements du quartier sont clairement suffisants ; c’est donc sur l’aspect qualitatif que nous pouvons demander des améliorations. Il cite l’exemple de la pelouse située du côté de la Bourse de commerce, qui a pu être ouverte aux enfants des crèches puis aux enfants en général, ce qui a apporté un plus considérable. Il suggère d’ailleurs qu’on pourrait peut-être demander qu’une des pelouses soit réservée au 12-16 ans.

 

Les demandes des ados

 

Un tour de table est fait pour permettre aux ados de citer les équipements qu’ils souhaiteraient voir installer :

 

a) Rampe et piste de roller

 

Amandine souhaiterait la création d’une piste de roller (avec des bosses, des creux, des formes courbées…).

 

Elisabeth explique que l’association ACCOMPLIR avait demandé il y a quelques années la création d’une piste de roller, mais qu’elle a reculé devant la proposition faite par la mairie du 1er à la suite d’une étude : la piste de roller aurait formé un grand circuit dans le jardin, matérialisé seulement par des marques au sol, et croisant régulièrement les cheminements piétons, ce qui était dangereux notamment pour les vieilles dames.

 

On aurait pu aussi imaginer un espace dégagé comme devant le Palais-Royal, mais fermé pour plus de sécurité, et où chacun installerait ses obstacles comme il le souhaite. Mais l’étude réalisée dans le Jardin par le sociologue Hervé Thomas insiste sur la nécessité, dans un espace aussi restreint, d’imaginer des espaces pluri-fonctionnels, à l’exemple du terrain de boules sous les arbres : quand les boulistes ne sont pas là, l’espace peut servir à autre chose, et même quand ils sont là, rien n’interdit de le traverser ou de s’asseoir sur les bancs.

 

Pour Régis, il devrait être possible de prolonger de façon continue et « esthétique » les soutainements des talus et remblais à l’exemple des formes courbées du cadran solaire pour que les rollers puissent s’y entraîner : il faudrait que la piste soit un élément du paysage. L’inventivité des designers d’environnement pour les  jeux vidéo de roller et de skate pourrait-elle inspirer les architectes ?

 

François suggère qu’à défaut de pouvoir installer une piste de roller dans le jardin des Halles on le fasse dans le jardin des Tuileries ; bien sûr, cela pose des problèmes car celui-ci relève du ministère de la Culture et non de la Ville, mais l’association va faire des démarches pour demander instamment que quelques équipements au moins soient ouverts aux jeunes dans ce jardin. Interrogés, les ados disent qu’ils seraient prêts à aller aux Tuileries, même si c’est un peu loin, s’ils y trouvaient des équipements gratuits faits pour eux.

 

Elisabeth demande où les jeunes font du roller à l’heure actuelle : sur les voies sur berge le dimanche, place Goldoni, sur la rampe Rambuteau (un plan incliné qui n’est pas spécialement destiné à cet usage). François souligne que cela fait partie du plaisir que de « récupérer » des éléments du mobilier urbain qui ne sont pas faits pour cela. Régis rappelle que c’est quand même dangereux pour les débutants.

 

Abdel souligne qu’en fait pour faire du roller on dispose des rues de tout Paris (il en fait en particulier sur les grands boulevards), et que ce serait plus intéressant d’avoir une rampe. Pour Elisabeth, l’intérêt d’une rampe est qu’elle occupe peu d’espace au sol (le jardin est malgré tout assez petit), qu’elle est bien localisée (pas de danger pour les passants) et qu’elle est spectaculaire (animation gratuite pour tous).

 

Un ado rappelle qu’une pétition a été faite pour demander une rampe de roller et qu’elle a obtenu 600 signatures ; Elisabeth indique qu’effectivement cette pétition a été évoquée lors d’un CICA du 1er. Quelqu’un a fait remarquer qu’on ne pouvait pas installer ce type d’équipement sans prévoir une personne pour le surveiller, ce qui a été démenti par Clémentine Autain, qui était présente : dans de nombreux endroits des rampes de ce type sont installées « aux risques des utilisateurs ». Lors d’une réunion de concertation, des riverains de la rue Berger se sont plaints du bruit générés par la rampe installée à Noël ; il faudra en tenir compte, mais on peut supposer qu’une rampe « en dur » ferait moins de bruit que cette rampe provisoire, et par ailleurs qu’elle pourrait être installée un peu plus loin de la rue Berger et en tout cas pas sous la porte du Pont-Neuf, qui faisait caisse de résonance. [Note de Régis : d’après les guides du roller à Paris, il existe des équipements spécifiques, parfois très applaudis,  dans de nombreux arrondissements de Paris, mais aucun dans ceux du Centre].

 

b) Trampoline

 

Charlotte souhaiterait l’installation d’un trampoline. Il existe des trampolines payants et réservés aux petits dans le jardin des Tuileries. Serait-il possible d’en avoir un en libre accès pour les ados dans le jardin des Halles ?

 

c) Terrain de foot et/ou de basket

 

Plusieurs ados souhaiteraient disposer d’un terrain de foot, même plus petit que la norme, mais avec de vraies cages. Ils signalent d’ailleurs que même dans le cadre du sport au collège, lorsqu’ils font du foot dans la salle Léopold Bellan, ils ne disposent pas de vraies cages et doivent utiliser des tapis pour les remplacer.

 

D’autres souhaiteraient un terrain de basket avec un revêtement adapté.

 

Les uns et les autres aimeraient pouvoir disposer du gymnase Suzanne Berlioux pour ces activités dans le créneau de 17h à 19h. Pour l’instant (depuis une semaine et demie) ils jouent au foot aux Tuileries, mais ils vont probablement être bientôt chassés, comme ils l’ont toujours été (du Palais royal, de la terrasse Lautréamont, etc.) et devront trouver un autre endroit.

 

Régis signale que les amateurs de foot sont extrêmement « mobiles » dans le quartier. Il regrette la période, il y a quelques années, où les gardiens du jardin des Halles autorisaient le foot sur l’une des pelouses du jardin : les parents étaient tranquilles, ils savaient que leurs enfants étaient juste à côté de chez eux.

 

Elisabeth cite le cas d’un équipement vu dans un parc de Bruxelles : c’est un mini-terrain de foot, entouré d’une barrière de bois (d’une hauteur d’1,20 m environ), avec un rebord pour que les spectateurs puissent s’appuyer ; on entre par une chicane ; la barrière s’interrompt à l’endroit des cages, qui sont munies de filets ; au dessus des cages se trouvent des panneaux de basket, et le terrain a ainsi un double usage.

 

Bernard souligne que si un tel équipement était installé dans le jardin, il serait pris d’assaut par des gens venant de tout Paris. Régine craint un « combat de gangs ». Elisabeth note qu’au parc de Bercy, les pelouses disponibles pour jouer au foot sont utilisées uniquement par des gens de 20 à 30 ans : c’est évident que les ados ne peuvent pas s’imposer. Si un tel équipement existait, il faudrait qu’il soit réservé aux ados de 12 à 16 ans par exemple, de même que le jardin des éléphants est réservé aux moins de 16 ans. Régis signale qu’à l’époque où une pelouse du jardin était ouverte au foot, les gardiens la réservaient aux jeunes d’environ 12 ans.

 

d) Piscine Suzanne Berlioux

 

L’entrée de la piscine coûte apparemment deux fois plus cher qu’ailleurs (à vérifier en comparant avec Saint-Merry ?). Il faudrait qu’il y ait plus d’activités : natation synchronisée, gym aquatique, water-polo ?

 

e) Salle de jeux

 

Régine cite une expérience réalisée à Bondy : une salle a pu être récupérée au pied d’un immeuble ; on y a installé des tables de ping-pong, un vrai baby-foot de café, des jeux de fléchettes. La salle est ouverte et fermée par la gardienne de la cité. Elle ferme le soir à 19h. L’alcool est interdit, la cigarette autorisée seulement à l’extérieur. Un problème se pose pour l’entretien de la salle (ménage). La gardienne ne surveille pas les ados en continu mais fait des « descentes » régulières pour voir si tout va bien.

 

Elle indique que le centre d’action sociale où elle travaille, qui accueille des personnes âgées pendant la journée (rue des Prouvaires) avait passé il y a quelques années une convention avec un club de théâtre pour que celui-ci utilise la salle pour répéter le soir ; en échange de quoi le club avait offert une représentation aux personnes âgées à la fin de l’année. Cette salle pourrait à nouveau être prêtée pour des activités pas trop bruyantes : jeux d’échec, théâtre, mime, chant, danse, etc.

 

Régine signale qu’il y a quelques années, elle avait préparé un projet de « maison pour tous » dans l’ex « Maison d’Andorre », rue Saint-Honoré, qui était inoccupée depuis longtemps. Son dossier est resté dans des tiroirs, et maintenant un squat issu du squat de la rue de Rivoli s’y est installé ; c’est vraiment dommage, car les jeunes du quartier sont privés d’un endroit qui aurait été parfaitement adapté pour cet usage.

 

f) Salle pour faire des boums

 

Une participante raconte qu’avant, il était possible de louer la salle du sous-sol de CERISE, rue Montorgueil, pour organiser des boums. Maintenant, cette salle est réservée aux moins de douze ans, accompagnés de leur parents, et ce jusqu’à 22h à cause du bruit pour les habitants de l’immeuble. Il est vrai que des dégradations avaient été faites notamment dans les toilettes (quelqu’un avait « shooté » dans un mur ?)

 

Les ados aimeraient disposer d’une salle pour faire des boums jusqu’à minuit le vendredi et le samedi soir.

 

Régine indique que cela devrait être possible dans le local du 62 rue Saint-Honoré mais à condition, bien sûr, de respecter les locaux et de ne pas faire trop de bruit, car il y a aussi des habitants dans les étages au-dessus. Elisabeth souligne que ce local est dans un état de dégradation assez déplorable, et qu’il mériterait d’être rénové et mieux géré.

 

Régis s’étonne : pourquoi fait-on la BD au fond du trou des Halles, dans les locaux du centre d’animation, alors que c’est une activité qui exigerait la lumière du jour, et pourquoi est-il impossible de trouver dans le trou une salle adaptée à des boums d’ados ?

 

Un parent (son nom ?) signale qu’il existe une salle de répétition de théâtre au sous-sol de la Clairière, qui pourrait peut-être être utilisée pour faire des boums, à condition de prévoir une séparation par rapport au local dans lequel sont entreposés les costumes et les accessoires du théâtre ; il faudrait poser la question à Roberta.

 

Aide-toi, le ciel t’aidera…

 

Régis admet qu’il existe déjà beaucoup d’activités dans le quartier, mais regrette qu’il faille à chaque fois s’inscrire et que ce soit en horaires contraints. Il aimerait des équipements avec juste quelqu’un pour ouvrir et fermer, et que les ados gèrent eux-mêmes leur activité, ou alors l’extension du dispositif du CIS qui actuellement n’est ouvert que l’été et pendant les petites vacances.

 

Elisabeth fait remarquer que si le quartier des Halles bénéficiait d’animateurs de CIS tout au long de l’année, il faudrait étendre cette mesure à tous les quartiers de Paris, ce qui représenterait un coût considérable : il n’y a pas de raisons de demander un traitement de faveur.

 

Quant à l’idée d’embaucher seulement des « porte-clefs » chargés d’ouvrir et de fermer, Régine n’y croit pas : quel est le fonctionnaire qui viendra fermer un équipement à 19h le soir ? Elle ne conçoit qu’une solution associative avec des bénévoles.

 

Quelqu’un suggère qu’on pourrait constituer un club avec des gens du quartier.

 

Articuler équipements de proximité et équipements ouverts à tous

 

Dans le cadre de la rénovation ou du remplacement des pavillons Willerval, par un édifice plus vaste et accueillant, directement conçu pour des équipements spécifiques sans être pour autant moins esthétiques, Régis suggère qu’on pourrait faire un grand jeu de taquin : le Conservatoire pourrait s’étendre vers les ADAC ; à l’emplacement actuel du Pavillon des arts, on pourrait imaginer une « maison d’activités du centre » qui reprendrait un certain nombre d’activités actuellement proposées par le centre d’animation des Halles, avec différentes salles et un gardien distribuant et récupérant les clefs. Le centre d’animation du Forum pourrait quant à lui servir pour des équipements sociaux (accueil de jour de SDF, salle de repos…).

 

Pour Elisabeth, le problème principal du Forum est que tous les équipements qui s’y trouvent sont facilement accessibles (sauf ceux qui sont sur la terrasse et sont un peu « cachés ») et de ce fait ouverts à tous les parisiens voire les banlieusards, ce qui est très bien en soi, mais prive les habitants du quartier de lieux où se rencontrer entre eux.

 

Comme la SEM Centre est propriétaire de la plupart des équipements publics du quartier (les équipements du Forum, mais aussi le 62 rue Saint-Honoré ou la maison du geste et de l’image, par exemple), ne serait-il pas possible de permuter certains équipements pour que les équipements qu’on souhaite réserver aux habitants soient répartis dans les petites rues environnantes, et que les équipements ouverts à tous soient dans le Forum ?

 

D’une façon générale, il faudrait selon elle recenser l’ensemble des activités offertes et des ressources en locaux disponibles dans le quartier, pour essayer de supprimer les redondances, mutualiser les ressources et mieux distribuer les locaux en fonction des différentes activités : c’est idiot d’utiliser la grande salle du gymnase pour des cours de judo ; c’est dommage que la Maison du geste et de l’image, qui comprend 2000 m, soit sous-utilisée ou peu utilisée pour l’accueil de nombreux parisiens, alors que le Conservatoire manque dramatiquement d’espace. Bien sûr, pour cela, il faut que la SEM-Centre fasse réaliser des audits, car les responsables des équipement sous-utilisés ne vont pas dévoiler de gaieté de cœur ce qu’il en est.

 

Dans l’immédiat, et quoi qu’il advienne du projet de rénovation des Halles, l’association ACCOMPLIR pourrait recenser les différentes activités existantes sur son site en les accompagnant de commentaires de la part de ceux qui les ont « testées » (Ex. « allez à l’atelier BD du centre d’animation, c’est super »).

 

Rencontre avec Benoît Bouanchaud à propos de la gestion du gymnase Suzanne Berlioux

 

Elisabeth indique que depuis cette année, le gymnase Suzanne Berlioux est géré par la mairie du 1er. Elle a pris rendez-vous avec le directeur de cabinet du maire lundi 19 mai à 11h30 pour se faire expliquer la façon dont les différents créneaux horaires sont répartis entre les 70 clubs qui utilisent ce gymnase. Camille, Amandine et Régine se joindront à elle.

 

Jusqu’ici, apparemment, la Ville de Paris attribuait les créneaux horaires à tous ceux qui en demandaient : quand un créneau se libérait, il était attribué à celui qui venait en tête de la file d’attente. Le maire du 1er a constitué une commission pour déterminer des critères permettant d’arbitrer entre les demandes voire d’écarter certains clubs : B. Bouanchaud a notamment parlé d’un club de aïkido qui demande 4.000 F par trimestre à ses adhérents, alors qu’il ne paie lui-même qu’une cotisation relativement faible au gymnase. De plus amples détails seront donnés après cette réunion, mais nous pourrons aussi essayer d’influer pour que soient pris en compte les aspirations propres aux jeunes du quartier.

 

Conclusion

 

René souligne que parmi les parents que nous connaissons dans le quartier, qui sont les parents des anciens « petits » du chemin de fer puis « moyens » du jardin des éléphants, beaucoup sont maintenant parents d’ados ; nous pouvons donc mobiliser pas mal de monde et soutenir vigoureusement les demandes des jeunes.