Le Parisien (03/11/03)

 

L’usine thermique des Halles condamnée à se moderniser


LE GROUPEMENT thermique des Halles (GIE) vient d’être condamné par le tribunal correctionnel de Paris pour le rejet de fumées noires qui sortent de ses cheminées, en plein cœur de la capitale. Le GIE, qui gère la climatisation quotidienne et l’électricité de secours pour le Louvre mais aussi pour l’ensemble du Forum des Halles (1er) et sa voirie souterraine, a été déclaré coupable de ne pas avoir respecté une mise en demeure du préfet de police de Paris du 7 septembre 2000. Ce texte imposait déjà le respect d’arrêtés préfectoraux de 1993 puis de 1995, prévoyant la réduction de l’émission des fumées qui s’échappent de cette véritable usine construite en 1975 accolée à des immeubles d’habitation et mise en service en 1978. « C’est bien simple, une fois par mois, lorsque l’usine effectue ses essais de sécurité, nos balcons sont envahis d’une épaisse fumée noire. Et nous ne savons toujours pas quelles sont les conséquences pour nos enfants », explique Barbara Blot, représentante de l’amicale du 118, rue Rambuteau. Des riverains s’étaient plaints, depuis longtemps, de ces fumées émises rue de Turbigo.

 

Un calendrier serré pour réduire les fumées noires L’inspection des installations classées avait alors dressé des procès-verbaux en novembre 2000, en constatant que le GIE exploitait toujours pour ses climatiseurs des groupes électrogènes et des transformateurs électriques au pyralène, non conformes au respect de l’environnement. Quant aux fumées noires, la préfecture, qui imposait un indice de noircissement de 4 au maximum, a constaté « que ces indices sont en permanence entre 6 et 9 », a expliqué le juge, jeudi dernier. « C’est un problème que la Ville, qui a racheté cette centrale, et Climespace, qui en gère l’activité, vont devoir régler au plus vite », expliquait, hier, Alain Le Garrec, président de la Sem-Centre, qui assure la gestion de l’ensemble du site des Halles. Une réunion de crise va devoir plancher sur ce dossier au plus vite. Il est temps. Le GIE n’a en effet toujours pas donné de propositions concrètes de remise aux normes, il y a trois ans, alors que la préfecture avait fait une première demande en ce sens. Le tribunal vient donc d’imposer, cette fois-ci, un calendrier serré.

 

Les juges reverront le dossier le 30 janvier prochain « afin de fixer la peine en tenant compte de l’avancée du dossier ». L’enjeu est de taille. Les travaux de modernisation sont évalués entre 11 et 30 millions d’euros. Il y aurait près de dix-huit mois de travaux pour changer les sept groupes électrogènes en place. « Des groupes aussi gros que des turbines de paquebot », souligne un témoin. « Et il faudrait ouvrir ce chantier tout en assurant la charge constante de froid et de chaud de la centrale. » Sinon, il faudrait fermer à la fois le Louvre et le Forum. « Nous allons faire un vœu au conseil d’arrondissement ce soir, pour que la sécurité des riverains soit assurée », indique le maire UMP du 1er, Jean-François Legaret. Pour lui, c’est l’occasion de dénoncer l’immobilisme de la municipalité en place et d’en faire une affaire politique. 

Eric Le Mitouard