1) Tout ce que vous devez savoir sur cette opération
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* Comment ont été sélectionnés les quatre architectes
?
Un appel d'offres international a été lancé il y a plus
d'un an. Trente-six
équipes composées d'architectes, paysagistes et bureaux d'études
ont
répondu. Seuls quatre architectes ont été sélectionnés
par le jury d'élus.
« Tous avaient déjà une connaissance du quartier des Halles »,
souligne
Serge Federbusch, chargé du suivi de l'opération pour la Ville.
* Tous les projets sont-ils vraiment réalisables ?
Les bureaux d'études associés aux architectes assurent, naturellement,
que
tous ces projets sont réalisables... même les plus fous. « C'est
une simple
question de coûts et de délais », précise un spécialiste.
* Les Parisiens peuvent-ils faire encore évoluer les projets ?
Depuis l'ouverture de l'exposition qui présente les quatre projets,
tous les
Parisiens peuvent faire leur choix et donner leur avis. Des bulletins sont
proposés aux visiteurs. Un site Internet a même été créé par
la municipalité
pour recueillir les avis. « Le Parisien » invite également
les lecteurs à
voter. Mais, « il est impossible de faire un référendum
pour un tel projet
», souligne Serge Federbusch. Les avis des Parisiens pourront faire évoluer
les aménagements prévus, mais uniquement après qu'une
des quatre dernières
propositions aura été retenue.
* Qui choisira le projet final ?
Dans tous les cas et quel que soit l'avis des Parisiens, c'est la commission
d'appel d'offres municipale qui décidera, fin juin. L'esthétique,
le coût du
chantier et ses différentes étapes seront autant d'éléments
pris en compte.
* Combien de temps devraient durer ces travaux ?
Le chantier devrait durer huit ans, selon les prévisions les plus
optimistes. Par conséquent, Paris mise sur la fin des travaux en 2012.
* Le Forum et ses commerces resteront-ils ouverts pendant les travaux ?
Le Forum, dans sa forme actuelle, va être naturellement au coeur du
chantier. Les espaces commerciaux seront en partie démolis, réhabilités,
réaménagés ou préservés. « Ce sera
un chantier en gants blancs », explique
l'un des architectes pour souligner que tout ne sera pas réalisé d'un
seul
coup et que le chantier, par tranches, permettra aux commerces et aux
équipements, dans leur majorité, de continuer à accueillir
leurs clients. «
Il sera de toute façon impossible de bloquer le RER, pas même
cinq minutes
», assure Serge Federbusch.
* Verra-t-on des réalisations avant 2007 ?
Bertrand Delanoë espère présenter des premières
réalisations avant la fin de
son mandat en 2007.
Site officiel : www.projetleshalles.com
Site associatif : www.accomplir.asso.fr
Exposition à la Grande Halles du forum, au niveau -3.
2) Les quatre architectes en lice
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Rem Koolhaas. Il est l'architecte de l'OMA (Office for Metropolitan
Architecture), basé à Rotterdam. Cet atelier hollandais a conçu
le centre
d'affaires et le centre administratif Euralille. Aujourd'hui, il travaille
sur la série de boutiques Prada aux Etats-Unis, le musée Whitney à New
York
ainsi que le Guggenheim Hermitage de Las Vegas. Il réalise surtout
le
nouveau siège de la télévision chinoise et un centre
culturel de 550 000 m 2
pour les JO de 2008.
Jean Nouvel. Son atelier Jean Nouvel (AJN) a gagné l'Equerre d'argent
pour
la réalisation pour l'Institut du monde arabe à Paris, puis
pour l'Opéra de
Lyon. Il est sans conteste l'un des architectes français les plus
connus au
monde. Aujourd'hui, il est l'architecte du musée des Arts premiers,
sur le
quai Branly à Paris. Il est associé au paysagiste Michel Desvignes,
connu
pour avoir créé des espaces publics dans la ZAC Rive Gauche
(XIII e) et
Alésia-Montsouris (XIV e) et il participe au projet de tramway sur
les
boulevards des Maréchaux.
Winy Maas. Cet architecte hollandais représente l'agence MVRDV. Il
a déjà
participé à plusieurs consultations, notamment pour la fondation
Pinault sur
l'île Seguin, à Boulogne-Billancourt. Il travaille au développement
de la
gare centrale d'Amsterdam et de l'aéroport de Rotterdam. Il présente
son
dossier en association avec le bureau d'étude Ove Arup international
qui
réalise la station de métro King Cross à Londres.
David Mangin, de l'agence Seura, a une expérience en matière
de projets
d'espaces publics. Il travaille notamment sur le boulevard Richard-Lenoir, à
Paris. Il est associé au paysagiste Philippe Raguin qui a créé les
espaces
extérieurs du Théâtre de la Cartoucherie à Vincennes
et participe au travail
du parc de Bercy.
3) Depuis toujours un quartier commerçant
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DE L'ÉPOQUE où il n'y avait que des marécages, jusqu'à aujourd'hui,
les
Halles ont toujours été un quartier commerçant. C'est
au XIIe siècle, sous
Philippe-Auguste, que les premières halles ont été construites.
Au cours des
années, les étals n'ont cessé de gagner du terrain,
et à la Révolution, en
1789, on n'hésita pas à installer sur l'emplacement du cimetière
des
Innocents un marché aux fleurs, aux fruits et aux légumes.
Sous l'Empire, les questions d'hygiène ont commencé à remettre
en cause
l'existence du site. Finalement, en 1842, le préfet Rambuteau a créé la
Commission des halles. Décision a alors été prise de
faire édifier des
bâtiments couverts de vitrage avec des parois en verre et des colonnettes
en
fonte. Les fameux pavillons Baltard, dix au total, chefs-d'oeuvre de
l'architecture métallique, ont émergé du sol. Les deux
derniers seront
construits en 1936.
Les projets présidentiels se sont succédé Mais cette
solution n'est qu'un
pis-aller. Entre la saturation de la circulation, les problèmes d'hygiène
et
de fonctionnement du marché, face à la croissance de la population
de la
région parisienne et de ses besoins, de Gaulle décide en 1963
de «
délocaliser » les Halles vers Rungis. Six ans plus tard, c'est à Pompidou
de
trancher sur l'avenir du quartier. Il projette d'abord un centre de commerce
international, une sorte de World Trade Center parisien. Les riverains s'y
opposent et obtiennent gain de cause. Sur le papier, le projet fait du
surplace, mais sur le terrain les pelleteuses s'activent et le trou des
Halles s'ouvre. Après Pompidou, Giscard annonce sa volonté de
repenser
complètement le site. A la place du World Trade Center à la
française, il
propose un jardin. Pour l'autre moitié du terrain, il parle de « geste
architectural monumental » et désigne un jeune architecte catalan,
inconnu,
Ricardo Bofill. Les premières esquisses de ce dernier ne ravissent
pas
vraiment les riverains. Heureusement pour eux, en 1977, Paris désigne
son
premier maire, Jacques Chirac. Celui-ci coupe l'herbe sous le pied à son
éternel rival, Valery Giscard d'Estaing, et renvoie l'architecte espagnol
pour s'occuper lui-même du dossier. Il décide personnellement
du nouveau
choix architectural : c'est le Forum que l'on connaît aujourd'hui.
4) Les jardins suspendus de Nouvel séduisent les Parisiens
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Les quatre architectes sélectionnés pour travailler sur le
réaménagement du
Forum des Halles ont rendu leur copie. « Le Parisien », qui invite
ses
lecteurs à se prononcer sur leurs projets, constate déjà que
ceux qui ont
répondu rêvent d'espaces verts.
«UN GESTE architectural de dimension internationale et durable »,
a affirmé
le maire de la capitale, Bertrand Delanoë, en rendant publics mercredi
dernier les quatre projets de rénovation du Forum des Halles. Vitrail
géant
couvrant les bâtiments, jardins suspendus à plus de 27 mètres
de haut,
vingt-deux derricks de verre qui s'élancent de 25 à 37 mètres
au-dessus du
sol, ou vaste toit de 145 mètres de côté... les quatre
architectes
sélectionnés, les deux Français, David Mangin et Jean
Nouvel, ainsi que les
deux Hollandais, Winy Maas et Rem Koolhaas, se sont lâchés.
Aussitôt ces quatre dossiers présentés, « Le Parisien » a
proposé à ses
lecteurs de donner leur avis sur ces projets à travers son site Internet
leparisien.com . Les multiples contributions reçues depuis jeudi montrent
une nette préférence pour la proposition de Jean Nouvel dans
laquelle les
Parisiens semblent particulièrement apprécier la priorité donnée
aux espaces
de verdure.
La faute de goût de Jacques Chirac
Certes, le choix final ne leur appartiendra pas. C'est la commission d'appel
d'offres municipale qui tranchera fin juin. Mais Bertrand Delanoë n'a
pas le
droit à l'erreur, surtout s'il veut corriger ce qu'il estime être
une faute
de goût de Jacques Chirac, alors maire de Paris et qui s'était
proclamé «
architecte en chef » lors de l'aménagement de l'actuel forum.
Tous les
Parisiens ont encore en tête les images de la destruction des pavillons
Baltard, en 1971, et ce trou béant pendant les travaux. « Il
faut s'attacher
à réparer à Paris les plus graves erreurs d'urbanisme commises
ces trente
dernières années », affirmait Bertrand Delanoë dans
sa campagne aux
municipales en mars 2001, en parlant du Ier arrondissement. Avec le temps,
tous les experts le disent, les infrastructures des Halles ont « vite
et mal
vieilli » : infiltrations d'eau, salles des échanges du RER
et du métro
inadaptées et ne répondant plus aux normes de sécurité,
espaces commerciaux
trop sombres et jardin pas assez ouvert sur la Ville... Le maire de Paris
a
aujourd'hui l'occasion de marquer de son empreinte le coeur de la capitale.
« Mais je n'ai pas l'intention de laisser un nouveau traumatisme s'implanter
dans ce quartier », il faudra alors agir, selon ses mots, avec « passion,
intelligence et douceur ».
41 millions de personnes y passent chaque année
L'enjeu est de taille. Chaque année, 41 millions de personnes passent
aux
Halles, centre des transports en commun de la capitale, poumon commercial
et
culturel de la ville. La Fnac y est le magasin le plus performant d'Europe
et le multiplexe UGC Ciné-Cité les Halles le plus grand de
France... Ici
vivent aussi près de 8 000 Parisiens qui ne s'attendent pas à supporter
des
travaux jusqu'en 2012. « A nous de leur apporter des éléments
de
satisfaction, avec de nouveaux équipements », explique Alain
Le Garrec, élu
PS du I e r arrondissement et chargé de ce dossier. Jusqu'à maintenant,
la
concertation avec les conseils de quartier et les associations locales a été
une réussite. Avec les riverains et les Parisiens, les débats
risquent
cependant d'être difficiles avant d'arriver à satisfaire le
plus grand
nombre. Aucun des quatre projets ne sera d'ailleurs sans doute retenu en
l'état. Des aménagements devront être apportés.
Dans tous les cas, le maire
de Paris a déjà prévenu : « C'est trop symbolique
du coeur de Paris pour
qu'on se plante. »
5) Qui va payer les travaux ?
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LA NOTE sera lourde. Un coût de plusieurs centaines de millions d'euros
est
déjà envisagé pour cette opération. C'est le
plus gros dossier d'aménagement
de la mandature de Bertrand Delanoë.
«Le forum a 25 ans, le quartier a plus de 30 ans. Les simples travaux de
remise en état auraient déjà coûté des
dizaines de millions d'euros. Il
n'était pas question de mettre de la rustine», soulignent les élus
de Paris.
Le choix est donc fait de partir dans des travaux d'envergure. «La
Ville est
le principal financier pour les travaux d'équipement et des espaces
publics», indique le maire de Paris. Mais la région participera
en grande
partie. Le site est en effet un équipement largement francilien. La
RATP et
le Syndicat des transports parisiens sont également très demandeurs
de la
mise en valeur des espaces d'échanges du RER et de la mise en sécurité des
niveaux les plus bas. Les gestionnaires privés prendront quant à eux
en
charge l'aménagement des espaces commerciaux. Pour l'heure, les premières
études, les différents concours d'architectes et la réalisation
des
maquettes ont déjà coûté 1,3 million d'euros,
financés par la Ville.
6) Ce qu'en pensent les internautes
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Les espaces verts de Jean Nouvel appréciés
Les internautes du « Parisien » réclament plus de vert à Paris.
C'est une
des raisons pour lesquelles la proposition de jardins suspendus de Jean
Nouvel emporte l'adhésion de la majorité d'entre eux. « Oui
aux jardins
suspendus ! On a besoin de verdure, Paris s'asphyxie ! » estime Céline.
Ce
projet séduit aussi par son intégration au quartier et sa dimension
humaine.
« Voilà un bon équilibre entre une ambition créatrice
forte et un vrai
projet de vie pour les Parisiens », estime Luc. « Cela donnera
un nouveau
visage au quartier central de Paris tout en préservant une vraie dimension
humaine avec des lieux de promenade, une piscine... » se félicite
Charles-Eric.
Les visions trop audacieuses rejetées
Parmi les réactions suscitées par les maquettes, les fantaisies
d'architecte
et autres visions un peu audacieuses sont souvent rejetées fermement. « Les
projets de tours colorées ou de plancher vitrail sont jolis sur le
papier
mais correspondent une fois de plus à une conception dépassée
de ville-musée
inhabitable », affirme Alain. Pour d'autres, ces projets « pseudo-futuristes
ne correspondent pas à l'esprit de Paris ».
Contre la folie des grandeurs
Plusieurs internautes, enfin, n'hésitent pas à exprimer leur
rejet pur et
simple du projet de réaménagement du quartier. « N'y
a-t-il pas d'autres
priorités que ce gaspillage d'argent dans des projets coûteux,
inutiles et
pharaoniques ! » râle Josette. « Totalement absurde, alors
que des
logements, des crèches et un tas d'autres infrastructures manquent à Paris
.
Comment dépenser inutilement les deniers des contribuables ... » rouspète
Bernard. « Tout cela me semble complètement démesuré,
il y a du
mitterrandisme là-dedans ! Arrêtons la folie des grandeurs ! » tranche
sans
appel Elodie.
7) 10 priorités pour la rénovation du quartier
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1 Avoir un geste architectural. Le nouveau Forum des Halles devra marquer
les esprits. C'est, pour Bertrand Delanoë, « un enjeu de dimension
internationale ».
2 Réconcilier les Parisiens avec ce quartier. C'est l'une des idées
maîtresses du projet pour le maire de Paris, qui veut ainsi corriger
le «
traumatisme » d'un aménagement aujourd'hui dépassé et
qui ne répond plus aux
normes.
3 Le jardin devra être totalement rénové. « Il
devra être plus vaste et plus
ouvert. Il doit devenir un lieu d'agrément et de passage au coeur
de Paris
», indique le cahier des charges rédigé par la Ville après
un tour de table
avec les associations de quartier.
4 Les accès au pôle d'échange des transports en commun
devront être
totalement réaménagés. « Ils doivent offrir une
plus grande visibilité dans
des espaces rénovés », indique encore le document de
départ.
5 Une partie des voies routières souterraines des Halles devra être
supprimée, « afin de réduire l'utilisation de cette voirie à la
simple
desserte des aires de livraison et des parkings ».
6 Les pavillons Willerval, qui marquent l'entrée des portes Lescot
et
Rambuteau, devront être démolis. « Ces bâtiments
souffrent d'une vétusté
prématurée », constatent riverains et experts.
7 La Bourse du commerce devra être reconvertie. « Ce monument
méconnu est
sous-exploité. Il devra être transformé en un lieu d'accueil
pour un vaste
public », souligne le document de travail. Encore faudra-t-il que la
Ville
trouve un accord avec la chambre de commerce, propriétaire du site.
8 Les équipements publics devront être remis en valeur et réadaptés
aux
besoins des riverains.
9 Faciliter les liens entre Paris et la banlieue. « Des équipements
du futur
Forum devront affirmer la rencontre entre Paris et sa banlieue », insiste
le
cahier des charges. Les Halles ne doivent pas rester qu'un lieu d'échanges
entre le RER et le métro.
10 Préserver la vie de quartier. Un geste international, des équipements
régionaux... mais le site doit aussi préserver la vie de quartier.
Plus de 8
000 personnes habitent ici, 3 000 y travaillent. « Il faut respecter
ces
diversités », souligne Bertrand Delanoë.