Le Parisien (11/10/04)
Les Halles : les Parisiens
fixent des priorités
«NOUS AVONS devant nous
l’un des enjeux urbains les plus compliqués de France »,
estimait, samedi, Serge Federbusch, un des responsables de l’aménagement
des Halles (I e r ), en ouverture des ateliers de réflexion
sur l’avenir du site... A l’Hôtel de Ville, pendant
près de cinq heures, associatifs, habitants des Halles, élus
et experts - soit plus de six cents personnes -, ont tenté de
fixer les priorités pour la rénovation des Halles. « Nous
aurions dû ouvrir ce débat bien avant de lâcher
les architectes », souligne Jean-François Legaret, maire
UMP du Ier.
Mais quel que soit le calendrier
choisi, les débats de ce week-end ont permis de poser les
questions. Résumé en six points.
Sauvegarder l’identité du
quartier.
Pour Francis Beaucire, professeur
d’université, « trois échelles se superposent aux
Halles : la dimension locale, avec ses 7 000 habitants et les 16 000 personnes
qui y travaillent. La dimension régionale, avec l’entrée
de ville du pôle d’échanges RER. Et enfin l’échelle
internationale, lieu de passage obligatoire de tous les visiteurs étrangers.
Or ces trois échelles ont toute leur même importance »...
Françoise Thomas, responsable de l’association des commerçants
de Montorgeuil, l’a souligné à sa façon : « Il
faut retrouver l’identité de ce quartier, sauvegarder nos rues... »
Donner la priorité au
pôle d’échanges RER.
« Il faut améliorer
la sécurité des 800 000 usagers du RER et du métro qui
passent ici chaque jour. Ce n’est pas de l’architecture. C’est
un besoin essentiel », estime Jean-Pierre Caffet, adjoint au maire
de Paris chargé de ce dossier d’urbanisme. Pour lui, c’est
la priorité absolue. C’est celle aussi du Syndicat des transports
d’Ile-de-France qui compte profiter de la rénovation des Halles
pour y réaliser son « opération de renouveau » de
la salle d’échanges. Cela passe par la maîtrise des espaces
et des circulations, par l’ambiance et la luminosité. La lumière
du jour arrivera-t-elle à descendre jusqu’au cinquième
niveau ? Certains en doutent.
Trouver une juste place
au centre commercial.
« Ce centre commercial est
la vocation historique du quartier », estime Pierre Mansat, adjoint
au maire chargé des relations avec la banlieue. Pour lui, ce site
est bel et bien « un point de ralliement de la jeunesse d’Ile-de-France.
Et c’est une chance ». « Pas question, alors, que les sorties
du RER évitent ce centre commercial », estime Jean-Pierre Caffet,
contredisant Yves Contassot, adjoint chargé des espaces verts, qui
suggérait justement le contraire... Tout devrait être une question
d’équilibre !
Créer un nouvel équipement
fort.
Au-delà de l’activité commerciale,
les Parisiens aspirent à autre chose dans ce quartier. « Il
faut y réaliser un équipement qui donne un sens à toute
cette rénovation », insiste Jean-François Legaret.
Certains parlent d’un lieu à vocation européenne.
D’autres d’une université de tous les savoirs
au sein de la Bourse du commerce ou d’un véritable forum
d’échanges et de rencontres...
Faciliter la circulation
dans le Forum.
Chaque samedi, 57 000 personnes se
promènent dans le quartier. « Mais on s’y perd »,
lance cependant un jeune de banlieue. La « lisibilité » du
site - du sous-sol au jardin - doit être revue et corrigée. « Il
faut rendre facile la façon de circuler dans Forum », insiste
Philippe Panaerai.
Préserver le jardin.
« Nous avons de besoins
de vie... de respiration dans le jardin », indiquent dans une
belle unanimité les participants à ces ateliers de
réflexion. Une idée simple pour un projet compliqué !
Eric Le Mitouard