Quatre visions du futur quartier des Halles
LE MONDE | 08.04.04  .  MIS A JOUR LE 08.04.04 | 14h58

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a rendu publics, mercredi 7  avril,
les quatre projets de rénovation du quartier des Halles. Dans un
entretien au "Monde", il explique les enjeux de cette opération, qui
au-delà du cour de la capitale concerne toute la région Ile-de-France.
Quels sont pour vous les enjeux du réaménagement du quartier et de la
gare Châtelet- les-Halles ?

Un constat s'impose : les Halles ont vite et mal vieilli. Chaque jour,
800 000 usagers des transports, 100 000 clients du centre commercial,
les riverains sont confrontés à des difficultés de plus en plus
importantes. La circulation et le stationnement sont devenus
anarchiques. Il règne un climat d'insécurité. De nombreux bâtiments et
une grande partie des espaces publics se sont dégradés.

Beaucoup d'équipements sont mal adaptés... Par ailleurs, il faut avoir
en tête que les Halles sont un fragment de notre histoire. C'est un lieu
qui a toujours mêlé, de jour comme de nuit, les activités économiques,
la vie quotidienne de ses habitants, les loisirs et la culture. Des
citadins y ont toujours travaillé ; certains y dormaient ; d'autres y
faisaient la fête. C'est un quartier où se sont de tout temps côtoyés
tous ceux qui aiment Paris. Mais des choix urbanistiques regrettables en
ont en partie détruit l'âme.

Nous devons avoir une immense ambition pour son réaménagement. Les
enjeux de cette opération sont multiples - fonctionnels, architecturaux
et même esthétiques. Il s'agit d'inventer un projet de cour de ville qui
soit à l'échelle de la métropole. Les Halles doivent devenir un symbole
de la dynamique de Paris et de toute la région Ile-de-France. Mais il
faut réussir en même temps à mettre en place, pour le quartier, un
projet qui améliore les conditions de vie de ses quelques milliers
d'habitants, et qui soit aussi complètement en phase avec la vie des
quartiers environnants.

De quel ordre pourrait être l'engagement financier de la ville dans
cette opération ?

Il est évidemment trop tôt pour avancer un chiffre précis : le coût des
propositions des équipes d'architectes et de paysagistes est en cours
d'expertise. La mise en ouvre du projet impliquera nécessairement la
mobilisation de financements multiples. De nombreux partenaires publics
et privés sont engagés avec nous dans cette opération de rénovation qui
sera l'une des plus lourdes jamais engagées à Paris. La Ville sera le
principal financier pour les travaux concernant les équipements et les
espaces publics. Mais la région Ile-de-France participera à un projet
qui n'est pas uniquement destiné aux Parisiens, mais aussi aux dizaines
de milliers de Franciliens qui passent chaque jour par Châtelet-les
Halles. La RATP et le Syndicat des transports d'Ile-de-France
financeront évidemment la refonte de la gare souterraine. Et les
gestionnaires privés prendront en charge une partie des travaux des
espaces commerciaux.

Pensez-vous les Parisiens capables d'accepter un projet très novateur ?

Depuis les grands chantiers de François Mitterrand, Paris n'a pas connu,
à l'exception du Musée des arts premiers, de grande création
architecturale de niveau international. Je ne pense pas que les
Parisiens y soient opposés, à condition qu'une telle création soit
réussie sur le plan esthétique et qu'elle réponde à leurs besoins. Or,
les quatre équipes font des propositions de grande qualité. Chacune a
son identité propre, ce qui ne peut qu'enrichir le débat.

Pour ma part, j'ai souhaité que ce projet donne lieu à une vraie
concertation. Entre juin 2003 et janvier 2004, de nombreuses rencontres
avec les associations locales et deux réunions publiques ont été
organisées. Les projets en lice sont désormais présentés au public au
Forum des Halles.

Ainsi, je suis sûr, quel que soit le choix de l'équipe lauréate en juin,
que son projet évoluera beaucoup. Les avis des citoyens, des
associations, de l'ensemble des personnes intéressées influeront sur son
contenu final. C'est un formidable défi, car ce geste est décisif pour
l'avenir de Paris, pour ses habitants, et plus largement pour tous ceux
qui aiment notre cité. C'est aussi ce qui le rend passionnant à mes
yeux.

Propos recueillis par Christophe de Chenay et Frédéric Edelmann

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 09.04.04