Quatre projets en lice pour redessiner le quartier des Halles
LE MONDE | 07.04.04  .  MIS A JOUR LE 07.04.04 | 16h19

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, doit annoncer les propositions des
équipes retenues pour modeler un espace qui concentre aujourd'hui les
problèmes urbains et architecturaux.
Bertrand delanoë, maire de Paris, devait rendre publiques, mercredi 7
avril, les propositions des quatre équipes retenues pour remodeler le
quartier des Halles, à cheval sur les quatre arrondissements centraux de
la capitale. Un projet complexe et ambitieux par la nature des problèmes
rencontrés.

C'est en 1980 que Jacques Chirac présente la version définitive de ce
projet qui remonte aux années 1960 : le Forum, le jardin et le principe
des pavillons. Il enterre le premier projet de l'architecte Ricardo
Bofill au profit des arches ou "parapluies" de Jean Willerval qui
ceinturent le Forum, centre commercial dessiné par Vasconi et
Prenchéach. Sous le jardin poussiéreux, l'architecte Paul Chemetov
apporte un peu de lumière au projet grâce à son deuxième Forum.

Depuis la réalisation du projet, des professeurs d'architecture et
d'urbanisme se rencontrent parfois sur les lieux avec leurs étudiants.
Ils viennent leur montrer les problèmes urbains et de voirie ainsi que
les turpitudes architecturales qu'ont engendrées, à l'emplacement du
chef-d'ouvre de Baltard, l'hésitation, la précipitation et le manque de
courage qui ont caractérisé les décisions relatives au quartier des
Halles.

Les matériaux qui vieillissent mal, le gigantesque réseau routier
souterrain peu utilisé, les espaces inoccupés, les accès difficiles aux
espaces publics et les voies de circulation sans cohérence ont donné
naissance à un lieu parsemé d'espaces insalubres, posant des problèmes
d'insécurité (Le Monde du 23 février).

Face à un territoire complexe et à des enjeux souvent contradictoires,
la mairie et la SEM Paris-Centre, cherchant un peu de cohérence, ont eu
recours à la procédure dite du marché de définition, préconisée "lorsque
la personne publique n'est pas en mesure de préciser les buts et
performances à atteindre par le marché, les techniques de base à
utiliser, les moyens en personnel et en matériel". Les concurrents ont
donc disposé d'une marge de manouvre pour le moins large.

Quatre équipes de prestige ont été choisies sur appel d'offres. Selon le
règlement, la mairie pourra choisir un lauréat tout en reprenant les
éléments qui l'intéressent dans les autres projets. En outre, les
concurrents ayant pu se concerter avant de rentrer en loge, cela laisse
une bonne, sinon une grande marge de compatibilité entre les quatre
propositions.

La plus célèbre, en France, est celle de Jean Nouvel, qui compte le
paysagiste Michel Desvignes et une pléiade de bons connaisseurs de la
topologie francilienne. Autre équipe, devenue française après le forfait
du Suisse Aurelio Galfetti, l'agence SEURA, représentée par David
Mangin, et un groupe plus ramassé de techniciens de bon renom. Les deux
autres équipes viennent de Hollande : Rem Koolhaas, véritable star
internationale de l'architecture, et son agence, l'OMA, basée à
Rotterdam, et Winnie Maas et l'agence MVRDV. L'agence d'ingénierie Ove
Arup, basée à Londres, a été associée à toutes les équipes, sauf celle
conduite par David Mangin.

"Poule douchée, poule mouillée", disait jadis un boucher fameux du
quartier : la plus grande difficulté, pour Bertrand Delanoë, viendra
sans doute de la capacité des Parisiens à accepter un parti
architectural et urbain qui ne soit pas frileux ni fait, comme
l'écrivait dans Le Monde le critique André Fermigier en 1980 à propos du
projet Chirac, "de rétractions, de petites prudences et de médiocrité
sournoise".

Frédéric Edelmann

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 08.04.04