Le Monde (17/12/04)
ENTRETIEN
"Je défendrai
la continuité de l'espace public"
David Mangin,
architecte et urbaniste.
Quand vous avez
ausculté le quartier des halles pour répondre à cette
consultation, quel diagnostic avez-vous établi ?
J'avais des Halles
une vision partielle de Parisien lambda. Je me perdais dans la salle
d'échange du RER ; je n'allais pas dans le jardin, où je
ne trouvais aucun confort. Le quartier me donnait l'impression d'une
centralité absente. J'ai pris le parti d'y mettre passionnément
de la raison. De faire une architecture de poésie en poussant
la raison à son extrême logique, avec un mot d'ordre
: construire le vide.
Cette position était
d'ailleurs confortée par l'absence de grand programme métropolitain
pour le quartier. Mais le choix de la raison ne signifie pas que
nous avons renoncé à l'ambition. Nous défendons
une manière très contemporaine de faire de l'architecture,
avec la structure et la lumière.
Ce qui est frappant
aux Halles, c'est la foule, d'une grande mixité sociale et
fonctionnelle : des gens de toutes origines venus pour mille raisons
différentes. Il serait criminel de tuer cette diversité.
J'ai donc imaginé un dispositif de flux et de lumière
qui accompagne la foule.
Dans le même
esprit de diversité, je pense qu'il faut faire revivre les
Halles la nuit, alors que c'est aujourd'hui un lieu qu'on évite.
On a reproché sa
sagesse à votre projet, opposée à l'audace
de celui de Rem Koolhaas, par exemple.
On nous a dit à la
fois que notre carreau était trop grand, mais que le projet était
trop modeste par sa faible hauteur... Il faudrait savoir. Le monumental
ne s'obtient pas nécessairement par la hauteur.
Notre projet de forum
se distinguait par la profondeur, avec une salle basse de 20 mètres
de haut. Et le toit était un vrai défi à réaliser.
Le fait de construire bas et dans la trame urbaine permet aux immeubles
voisins d'évoluer, même si notre proposition initiale
de reconstruire l'îlot Berger n'a pas été acceptée.
A un moment où Paris
s'est élargi à la petite couronne, je pense que les
grands équipements, les grosses réalisations architecturales
ont vocation à prendre place non en centre-ville, mais en
périphérie, pour faire l'interface avec les communes
voisines. Sinon on crée des centres-villes franchisés,
des parcs à thèmes où domine l'événementiel.
J'ai préféré inscrire les Halles dans le système
des grands espaces publics parisiens.
Le jardin semble
l'élément de votre projet qui a le plus de chances
d'être réalisé tel quel. Comment l'avez-vous
conçu ?
Je me suis attaché à concevoir
un jardin de plain-pied qui puisse servir à tout le monde, à préserver
l'importance de cet espace pour ne surtout pas privatiser davantage
l'espace public. J'étais préoccupé par la synergie
entre le carreau et la Bourse du commerce. L'idée de tracer
un trait entre les deux pour forcer les portes de la Bourse s'est
imposée et a structuré le projet.
Le maire de Paris
vous confie la coordination du réaménagement, mais
pas la conception du carreau. C'est une remise en cause de votre
idée de toit géant ?
Le maire veut se
donner toutes les chances que le toit du carreau soit réussi,
qu'il soit un toit de musée plus qu'un toit de supermarché,
comme on me l'a reproché. Il veut s'attirer les meilleures
compétences et les moyens financiers suffisants.
Mais les principes
de mon projet, l'interpénétration de la gare, du toit
et du jardin, la structuration de l'espace public, l'esprit même
du toit que j'ai conçu sont repris. Ma définition est
conservée mais devra faire l'objet d'études poussées, éventuellement
dans le cadre d'un concours international d'architecture.
S'il y a d'autres
contributions, je devrai veiller à ce qu'on évite de
reproduire le patchwork architectural réalisé dans
les années 1970 pour faire plaisir à tout le monde.
N'avez-vous pas
tout de même l'impression de bénéficier d'une
demi-mesure ?
J'espère que
le choix qui a été fait est un choix de conviction
et de confiance. Il est important qu'il y ait un patron du projet
qui coordonne le tout, qui assure la pérennité de ce
qui sera construit. Et il faut un maître d'ouvrage fort pour
faire travailler ensemble les différents intervenants : Unibail,
la RATP, les services des parcs et jardins...
Pour ma part, je
serai soucieux de défendre la continuité de l'espace
public et la continuité entre le jardin et le toit. Et je
n'ai pas l'intention de me contenter de remplir des documents d'urbanisme.
Quels enseignements
tirez-vous de cette consultation, avec ses malentendus et ses rebondissements
?
D'abord, cette opération
aura eu le mérite de montrer au public qu'il y avait quatre
propositions très différentes, avec des enjeux urbanistiques
très différents. C'est un formidable exercice pédagogique.
Les ambiguïtés sont nées de la passion du public
pour le sujet et d'une procédure qui a laissé entendre
qu'on pouvait influer sur le résultat.
Il y a sans doute
des leçons à tirer en matière de politique urbaine.
Sur les limites de la démocratie participative pour construire
la ville, d'abord : il y a eu, lors de l'exposition des projets,
un "effet maquettes" un peu trompeur.
Sur les avantages
et inconvénients du marché de définition aussi.
Cette procédure est biaisée : en réalité,
jamais les quatre concurrents n'ont travaillé ensemble, les
bonnes idées des uns pouvant servir de support aux propositions
des autres. Le maître d'ouvrage a laissé des équipes
continuer dans une impasse sans les recadrer.
Sur le poids du star-system,
enfin, qui conduit à une surenchère d'idées
radicales et à vouloir un nom pour un nom, et pas pour un
projet.
Propos recueillis
par Grégoire Allix
David Mangin guidera le renouveau des Halles
LE MONDE | 16.12.04
L'architecte et urbaniste français de l'agence Seura s'est vu confier
par le
maire de Paris, mercredi 15 décembre, la coordination du réaménagement
des
Halles. Mais si son jardin est adoubé, son projet architectural pour
le
carreau n'est pas retenu et devrait faire l'objet d'un concours
international.
Depuis plusieurs jours, ce n'était plus vraiment un mystère.
Mais avant
d'annoncer, mercredi 15 décembre, le choix du projet Seura-Mangin
comme
lauréat de la consultation pour l'aménagement des Halles, "moment
très
important de la vie de Paris",enjeu non seulement national mais
"international", le maire (PS), Bertrand Delanoë, a malgré tout
fait durer
le suspense, rappelant la triste histoire du quartier pour mieux souligner
la passion qui l'anime, lui et son équipe, à l'heure de sa
refondation.
Puis le nom de David Mangin est venu, ainsi que quelques louanges appuyées
pour ce projet "intelligent et réaliste", le maire parlant
même d'un "choix
enthousiaste, de raison et d'audace en même temps". "C'est
la vision la plus
pertinente de l'ensemble de l'aménagement", a-t-il souligné,
avant de
préciser le contenu réel de la décision de la commission
d'appel d'offres
(CAO), présidée par son adjointe Mireille Flam, chargée
des sociétés
d'économie mixte et des marchés publics.
Si l'agence Seura, animée par David Mangin, rafle la mise du chantier
le
plus important et le plus symbolique de la capitale, ce n'est pas pour
réaliser le projet que les Parisiens ont pu étudier à loisir
pendant
plusieurs mois dans l'exposition des Halles ou dans la presse. C'est comme
"coordonnateur de ce vaste chantier", pour lequel il était en
lice avec
trois autres équipes d'architectes : le Français Jean Nouvel
(AJN) et les
Néerlandais Rem Koolhaas (OMA) et Winy Maas (MVRDV).
Ce dernier avait originellement sa préférence, a indiqué le
maire, qui s'est
refusé à tout commentaire négatif ou comparatif entre
la proposition retenue
et ses trois concurrents.
"Mangin sera avec nous pour l'élaboration du cahier des charges",
a-t-il
encore ajouté devant plusieurs dizaines de journalistes, dont beaucoup
de
médias internationaux, avant d'annoncer que ce travail serait effectué dans
le cadre d'une nouvelle zone d'aménagement concerté (ZAC),
dans laquelle
l'architecte et urbaniste jouera naturellement un rôle prééminent.
Trois qualités, selon Bertrand Delanoë, caractérisent
le projet Mangin : "la
perspective" qu'il redonne au cœur de la capitale ; le jardin,
qui cependant
fera en outre "l'objet d'interventions artistiques éphémères
ou durables" et
deviendra ainsi un "jardin d'art paysager contemporain" ; enfin,
le carreau
au-dessus du futur centre commercial, "œuvre élégante,
lumineuse, légère,
réellement de l'art du XXIe siècle".
Mais le maire de préciser alors que cet édifice fera l'objet
d'un nouveau
concours international. En clair, le vaste toit ajouré de 2 hectares
(l'équivalent de la place des Vosges), situé à 9 mètres
du sol, seul
dispositif architectural majeur du projet Mangin, ne verra pas le jour tel
quel.
Le projet apparaît donc largement amendé, comme l'autorise la
procédure de
marché de définition. Cette procédure, qui était
utilisée pour la première
fois à une pareille échelle, s'apparente davantage au choix
d'une méthode à
appliquer à partir d'un large dessein urbain aux contours modifiables.
Elle
est en ce sens beaucoup moins contraignante que les concours d'architecture
pour le maître d'ouvrage (le commanditaire ou ses délégués).
Aurait-il été plus radical (Nouvel, Koolhaas ou Maas), le maire
de Paris
n'aurait pas rencontré plus de difficultés pour modifier des éléments
essentiels du projet et tempérer les craintes des franges les plus
vertes ou
les plus frileuses de son électorat, tout en se conformant à la
procédure de
marché de définition.
Interrogé en aparté, M. Delanoë a indiqué au Monde
qu'avant de prendre cet
ensemble de décisions qui modifient sensiblement l'avenir du projet
lauréat,
il avait demandé à Jean-Pierre Caffet, son adjoint chargé de
l'urbanisme, de
prendre contact avec David Mangin et de solliciter son accord.
Séparer le projet architectural du projet urbain et doter ce dernier
d'une
dimension artistique nouvelle, c'est pour le maire le moyen de réconcilier
Paris avec son avenir : "Il fallait que je trouve le moyen d'être à la
fois
doux, créatif et ambitieux, de montrer qu'on peut associer qualité de
vie et
qualité architecturale." Et de donner rendez-vous aux Parisiens
dans vingt
ans : "Prendre aujourd'hui des risques, c'est le seul moyen de pouvoir être
fier demain de ce que nous aurons laissé."
Que reste-t-il aujourd'hui du projet originel de David Mangin ? D'abord,
un
esprit d'essence parisienne, ce qui n'est pas rien, et un caractère
tranquillisant par rapport aux trois autres propositions, dont le parti
architectural était beaucoup plus fortement marqué.
Ensuite, un projet paysager, principalement un grand jardin (4 hectares)
d'un seul tenant percé de "ramblas" comme à Barcelone,
qui s'étendra du
futur carreau, redessiné par un grand architecte (ils sont nombreux à
souhaiter travailler à Paris, a dit M. Delanoë en citant des
personnalités
comme Frank Gehry et Norman Foster), à l'actuelle Bourse du commerce.
Enfin, une "stratégie de mutations" propre "à articuler
les différentes
échelles, régionale, urbaine et locale", selon le rapport
remis le 15
décembre par la direction de l'urbanisme de la Ville de Paris à la
CAO.
La "solution réaliste et durable", selon les termes du même
rapport, l'a
donc emporté pour le réaménagement du quartier des Halles.
Ce rapport aura
joué un rôle déterminant pour légitimer le choix
de la CAO. Il va au-delà
des conclusions émises le 2 novembre par le précédent
rapport de la SEM
Paris-Centre, initialement missionnée pour la mise en œuvre
du projet.
Les deux rapports se trouvent même en parfaite contradiction sur des
points
essentiels comme le phasage des travaux. Le projet Koolhaas était
jugé
"cohérent" par le rapport de la SEM, malgré une gêne "ponctuelle" pour
les
activités commerciales, alors que la direction de l'urbanisme, dont
les
arguments ont donc davantage convaincu, a souligné que les activités
commerciales rencontreraient une longue période d'arrêt si Rem
Koolhaas
était choisi.
C'est un des critères qui avaient suscité le rejet du projet
du Hollandais
par le principal opérateur du quartier, Unibail, gérant du
Forum : ses
préférences allaient au projet Mangin, vœu exaucé par
le maire, mais
également au projet Nouvel, mis hors course par la SEM comme par les
écologistes, qui l'estimaient trop dense.
C'est finalement un retour habile à la case départ qu'a opéré Bertrand
Delanoë. La constitution d'une ZAC avant la consultation ou d'un atelier
d'urbanisme moins gestionnaire que la SEM et plus investi qu'elle dans
l'analyse du quartier (si l'on suppose que l'Atelier parisien d'urbanisme
n'est plus l'organisme ad hoc) auraient peut-être permis d'arriver à une
conclusion identique : un jardin et un concours international pour le Forum
et ses souterrains.
Forum pour lequel il faudra à nouveau trouver des candidats honorables.
Frédéric Edelmann
Bertrand Delanoë choisit la prudence et préserve
les Verts
LE MONDE | 16.12.04
En annonçant, mercredi 15 décembre devant la presse, un choix "raisonnable"
en faveur de l'équipe de David Mangin, le maire (PS) de Paris, Bertrand
Delanoë, clôt le premier chapitre d'une histoire mouvementée,
commencée il y
a exactement deux ans. C'est en effet le 9 décembre 2002 que, dans
une
indifférence quasi-générale, les élus du Conseil
de Paris avaient autorisé
la SEM-Centre, future maîtresse d'œuvre du projet, "à engager
des études
préalables à la réalisation d'une opération d'aménagement
sur le quartier
des Halles".
Il n'était alors question que d'une "remise aux normes",
notamment de
sécurité, de la gare souterraine Châtelet-Les Halles,
où transitent chaque
jour 800 000 voyageurs, d'une "rénovation" des infrastructures
du centre
commercial ou encore du "réaménagement" des 4,5 hectares
de jardin.
Puis le dossier s'était emballé, sous l'effet conjugué du
volontarisme des
quatre équipes retenues, de l'engouement des Parisiens pour le devenir
du
quartier et de l'ambivalence du maire lui-même, ce dernier hésitant
entre
son envie de porter "une grande ambition" pour les Halles et sa
crainte de
se perdre dans une aventure dont il a, une nouvelle fois mercredi, pointé
"la complexité".
Pour retomber sur ses pieds, M. Delanoë s'est félicité,
mercredi, d'avoir
pris son temps. "Le temps non de l'hésitation, mais de la réflexion",
a t-il
précisé. "Six mois supplémentaires ? Comme nous
avons bien fait !", s'est-il
écrié, en estimant "qu'on n'était pas à six
mois près" et que ce délai était
"légitime" dans la mesure où il s'agissait de réfléchir à la
physionomie "du
cœur de Paris dans vingt-cinq ans". Il a aussi tenté de
dédramatiser
l'importance de ce choix "d'une équipe", en assurant qu'il
s'agissait d'un
"choix d'orientation" et du "point de départ" du projet.
Son adjoint à
l'urbanisme a fait chorus : "Une page se tourne, une aventure commence",
a
ajouté Jean-Pierre Caffet (PS).
Sur le fond, le maire de Paris a essayé de faire passer un double
message.
Aux associations de riverains et de commerçants, très actifs
depuis deux ans
et globalement plutôt favorables au projet Mangin, censé occasionner
de
moindres nuisances, M. Delanoë a rappelé son souci de respecter
la
"fonctionnalité" du lieu, sa détermination à concilier "ambition" et
"réalité", et il a promis "la poursuite de la concertation".
Aux orphelins du canyon à ciel ouvert de Rem Koolhaas ou de la prairie
surélevée de Jean Nouvel, il a fait miroiter un "concours
international"
pour le traitement du Forum et de la gare. "Je veux à la fois
de la
créativité et de la douceur", a conclu le maire, citant
ainsi une formule
utilisée le 30 septembre devant des associations de riverains et de
commerçants du quartier. Déjà à l'époque,
le maire de Paris insistait sur le
fait qu'il voulait à tout prix éviter "un second traumatisme
pour les
Halles". Cette option de prudence, qui ne pouvait guère déboucher
que sur le
choix du projet le plus consensuel, n'a fait depuis que se confirmer.
Sur le plan politique, toutefois, le succès du maire de Paris n'est
pas
total. Au sein même de son parti, plusieurs élus, y compris
parmi les
adjoints, avaient exprimé leur intérêt pour un autre
projet. Ils ont été
priés de s'aligner ou de se taire. Ils se sont tus. Quand à la
SEM-Centre,
dont le président, un élu socialiste du 1er arrondissement,
Alain Le Garrec,
penchait pour Koolhaas, elle a, elle aussi, été sommée
de rentrer dans le
rang. "La SEM-Centre n'est pas le maire de Paris", a brutalement
asséné M.
Delanoë, mercredi matin.
Le maire de Paris rêvait d'un alignement unanime de la gauche parisienne
sur
sa décision en faveur d'un projet pour lequel militait, depuis plusieurs
semaines, la direction de l'urbanisme de l'Hôtel de Ville. Il ne l'a
pas
obtenu. Il est, du coup, passé en force en écartant in extremis
de la
commission d'appel d'offres (CAO) les communistes, qui s'étaient déclarés
favorables au projet Koolhaas. Simple suppléant d'un des trois élus
socialistes siégeant à la commission, le conseiller de Paris
Jacques
Daguenet participe pourtant régulièrement à la CAO.
Tout en renouvelant le
soutien de son groupe au projet "plus ambitieux"de Rem Koolhaas,
il a
dénoncé "la méthode"dans un communiqué,
mardi 14 décembre.
Visiblement agacé par ces petites turbulences, M. Delanoë, devant
la presse,
s'est abstenu de donner le résultat du vote de la CAO (4 voix pour,
trois PS
et une Verte, deux contre, celles de la droite), censée avoir choisi
en
toute indépendance.
Les Verts, en revanche, n'ont pas eu à se plaindre. A l'exception
notable de
l'adjoint aux transports, Denis Baupin, ordinairement plutôt d'accord
avec
les choix du maire, les écologistes s'étaient depuis longtemps
prononcés
pour un "soutien mesuré" au projet de David Mangin. En décidant
de réduire
ce dernier, au moins pour le moment, à l'édification d'un vaste
jardin "au
sol et d'un seul tenant", M. Delanoë a donné satisfaction à son
principal
allié au sein de sa majorité. Les Verts auront sans doute à cœur
de mettre à
profit ce succès. Sur ce dossier et sur d'autres.
Christine Garin
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 17.12.04