Le Monde (29/09/04)
Halles de Paris : les architectes ont revu leur projet
Plus que trois mois avant le grand saut. Le maire (PS) de Paris, Bertrand
Delanoë, en est conscient : la décision concernant l'ambitieux
projet de
réaménagement des Halles ne peut plus être différée
trop longtemps. Prévu en
juin, le choix avait été repoussé "à l'automne".
Le temps pour les quatre
équipes concurrentes d'affiner leurs propositions, justifiait-on dans
l'entourage du maire. L'échéance a, finalement, été fixée "à la
fin de
l'année", comme l'a confirmé M. Delanoë, lundi 27
septembre, en marge du
Conseil de Paris. "J'y vais prudemment, sans me donner de contraintes
de
temps", a-t-il déclaré.
L'équipe municipale avait, visiblement, quelque peu sous-évalué l'impact
de
ce projet sur la population parisienne comme sur les architectes appelés à
concourir qui, tous, ont livré des projets clés en main, ambitieux
et
coûteux. Ces derniers ont été invités à préciser
leurs propositions sur huit
points, notamment "la densité du bâti", "l'accessibilité et
l'usage du
jardin", "la circulation automobile en voies souterraines et en
surface" ou
encore "le phasage du projet, (...) sachant que les travaux sur l'espace
public pourraient intervenir début 2006".
Les quatre équipes viennent de remettre leurs copies. " Mais,
estime Jean
Nouvel, l'un des quatre architectes en lice, le terme même de "projet" est
ambigu. On nous a demandé de travailler sur une "étude
de définition",
c'est-à-dire sur une stratégie globale, pas sur une esquisse
précise. La
densité, par exemple, point capital, ne pourra être définie
que par les
politiques, dans une deuxième phase." Les grandes lignes proposées
par
l'architecte ne devraient pas être modifiées de manière
substantielles, même
si le financement de ses équipements - une piscine juchée sur
un cube géant
- demeure le point faible de son "projet".
SIX TOTEMS AU LIEU DE VINGT
Même son de cloche chez Seura-David Mangin. " Nous restons dans
le droit-fil
du projet rendu",assure-t-il. Son agence propose plusieurs modifications
au
projet initial : la création d'un accès direct de la gare souterraine à la
place basse du Forum, la reconfiguration partielle de sa proposition de
grand jardin de 5,5 hectares et la révision à la baisse de
la largeur du
mail central.
Le projet de l'équipe néerlandaise OMA-Rem Koolhaas serait
plus nettement
amendé, puisque sur la vingtaine de tours totems qu'il imaginait autour
d'une sorte de "canyon", il n'en resterait plus que six. Ces derricks
colorés ont les faveurs de certains élus - à commencer
par l'adjoint au
maire chargé de l'urbanisme, Jean-Pierre Caffet (PS). Rem Koolhaas
préserverait également l'actuel jardin des Halles. La deuxième équipe
hollandaise, conduite par Winy Maas, ne semble plus dans la course. Elle
a
néanmoins simplifié les solutions très radicales qu'elle
proposait,
notamment son " vitrail sur une vallée", dont elle suggère
qu'il pourrait
même être abandonné au profit d'un retour au niveau du
sol.
Les projets remaniés seront présentés le 9 octobre à l'Hôtel
de Ville, lors
d'un "atelier" consacré aux Halles. Deux mille invités,
experts, élus, et
associations, ont été conviés. Y seront aussi présentés
les résultats de la
consultation organisée pendant les six mois qu'a duré l'exposition "4
projets pour les Halles", qui a fermé ses portes le 17 septembre.
10 % des
125 000 visiteurs auraient, selon la Mairie de Paris, rempli leur petit
bulletin. Le questionnaire a été rédigé de manière
que le résultat ne tourne
pas au plébiscite de l'une ou l'autre des équipes. La décision
finale
reviendra donc à la commission d'appel d'offres de la Ville, tout
comme le
chiffrage financier d'une opération qui pourrait devenir le grand
chantier
d'un éventuel second mandat de M. Delanoë.
Christine Garin et Emmanuel de Roux
. ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 29.09.04