Europe 1 (13/12/04)
Le Forum des Halles
« Cela fait 25 ans que les Parisiens trouvent ce centre commercial horrible, mais les Halles accueillent quand même 800.000 personnes par jour et plus de 40 millions de personnes par an. Bertrand Delanoë a choisi de raser l’édifice qui avait été choisi par Georges Pompidou. Il a quatre projets face à lui. Il rendra sa décision mercredi. Benjamin Vincent a suivi deux habitants du quartier qui se battent pour qu’on ne répète pas les erreurs d’il y a vingt-cinq ans.
Gilles Pourbaix est le vice-président d’ACCOMPLIR, l’association de riverains la plus importante du quartier. Il nous donne rendez-vous à l’entrée du Forum des Halles, porte Lescot, devant les pavillons Willerval, des bâtiments en verre et en acier, initialement conçus pour abriter des serres tropicales, mais finalement utilisés pour abriter un conservatoire de musique.
Gilles Pourbaix : C’est l’exemple parfait de ce qu’il ne faudrait pas refaire, à savoir quelque chose qui, vingt-cinq ans après, est à détruire parce que c’est bouffé par la rouille, parce que les panneaux de verre se cassent la gueule. Il ne faut pas recommencer les mêmes erreurs, sinon on sait ce qui nous attend dans vingt-cinq ans : on se reprend encore dix ans de travaux.
C’est aussi ce que veut éviter Elisabeth Bourguinat. La coordinatrice du collectif Rénovation des Halles nous emmène dans le Jardin des Halles, quatre hectares déconseillés aux touristes japonais dans les guides de voyage.
Elisabeth Bourguinat : C’est plutôt un « sentiment » d’insécurité que les gens qui passent par hasard éprouvent. Ils se disent que c’est sombre, qu’il n’y a personne. – Vous sentez l’odeur, là ? Tout ça c’est de l’urine, là. Les toilettes sont de l’autre côté, il faudrait qu’on traverse le cratère pour y aller, et elles ferment aux horaires des jardins publics, alors que ce jardin ne ferme pas. 300.000 personnes qui sortent des Halles par jour, vous imaginez combien ça fait de – pardon, je vais être un peu vulgaire – de vessies pleines ?
Et pour entrer et sortir du RER il faut emprunter le tube Lescot, un escalator que Gilles Pourbaix trouve vertigineux.
Gilles Pourbaix : Ça fait peur, cette espèce de tube qui descend sur trois niveaux, sur une vingtaine de mètres ; il faut voir, quand il tombe en panne brutalement, c’est dangereux : les gens tombent quasiment en avant. Et puis on peut s’imaginer, s’il y a le moindre incendie, ça fait une magnifique cheminée pour que toutes les fumées remontent ; ce serait dramatique.
Cet accès au RER constitue l’un des points-clefs de la rénovation. Gilles et Elisabeth soutiennent le projet de David Mangin. Il propose notamment de couvrir le Forum des Halles d’un toit qui laisse passer la lumière de 145 mètres de côté.
Benjamin Vincent |