La Libre Belgique (06/10/2004)
Un geste fort pour les Halles de Paris, mais lequel?
BERNARD DELATTRE
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La mairie tarde à trancher entre les quatre projets de réaménagement
du
quartier.
CORRESPONDANT PERMANENT À PARIS
De l'air. Du gazon. Pas trop de béton. Tel est, en résumé,
l'avis des
Parisiens exprimé à l'occasion de la grande consultation organisée
ces deux
derniers mois par la mairie sur l'avenir du quartier des Halles,
consultation dont les résultats ont été rendus publics
mardi.
Emblématiques de l'urbanisme des années 70, les Halles ont
mal vieilli et
posent aujourd'hui des problèmes en termes de sécurité,
de propreté et
d'accessibilité. Les Parisiens d'ailleurs, massivement, n'en veulent
plus:
92 pc de la dizaine de milliers d'avis recueillis prônent un réaménagement
des lieux. La dédensification du bâti et le maintien de l'espace
vert
aménagé en surface du Forum recueillent également un
large consensus.
Ces deux derniers prérequis ont guidé la mairie dans la demande
qu'elle a
formulée en juin aux quatre auteurs de projets d'amender leurs propositions
initiales. Dès lors, le Hollandais Rem Koolhaas a revu à la
baisse le nombre
de pyramides de verre colorées qu'il imaginait ériger sur le
site. Le
Français Jean Nouvel a réduit de 49000 à 25000 m2 la
superficie de son
volumineux projet de jardins suspendus. Le Hollandais Winy Maas (qui prévoit
un nouveau jardin planté sur un vitrail géant) et le Français
David Mangin
(qui agrémente le jardin actuel d'une rambla et d'un vaste toit de
verre)
n'ont eux revu leurs plans qu'à la marge.
C'est semble-t-il ce dernier projet, de loin le moins révolutionnaire,
qui
recueille les faveurs des riverains. Mais la ville, elle, ne paraît
toujours
pas emballée par les propositions qui lui sont faites. Elle a d'ailleurs
repoussé sa décision à décembre. «Ces projets
restent très architecturaux,
commentait-on à la mairie mardi. On nous propose des formes, mais
il manque
une grande idée, un contenu programmatique majeur, qui fasse en sorte
que
les Parisiens sentent ce projet porteur.»
«Un choix novateur»
La faute en incombe en grande partie à la ville elle- même,
qui, par son
recours à la procédure inusitée du «marché de
définition», a demandé aux
architectes d'imaginer un avenir pour le quartier sans leur expliciter au
prélable quel était le projet politique qu'elle nourrissait
pour ce
quartier. La frilosité des riverains - traumatisés par un chantier
du «trou
des Halles» qui a duré vingt ans -, l'obsession de la mairie
pour la
concertation, les nuances existant au sein de la majorité entre socialistes
et écologistes, et l'étroitesse du budget municipal expliquent
cette
démarche urbanistique assez peu lisible.
Dans ces conditions, on pouvait craindre que la mairie, pour ne fâcher
personne, se contente d'amalgamer entre eux les éléments les
plus
consensuels de chacun des quatre projets - ce qui aurait assurément
constitué un tout politiquement confortable, mais esthétiquement
pauvre. Sur
ce point, en tout cas, des assurances ont été données
mardi. Jean-Pierre
Caffet, chargé de l'urbanisme à la mairie, a été clair: «Un
mélange de tous
les projets - comme on l'a fait il y a trente ans, où on a laissé chaque
architecte faire ses petites choses dans son coin -, c'est exclu. Il y a
un
choix esthétique à faire. Si on fait quelque chose pour les
Halles, il faut
que ce soit quelque chose de novateur, pas du pastiche.»