Paris Match (25/11/04)
Le trou des halles creuse un fossé entre anciens et modernes
Delanoë devra trancher entre le Français Mangin et le Néerlandais Koolhaas
Des quatre propositions soumises au public, deux restent lice : la sienne et celle d’un Français inconnu du grand public, l’urbaniste David Mangin. Celle de l’autre star, Jean Nouvel, étant, en principe, écartée. Les deux projets sont aux antipodes : des buissons de tours de verre et d’acier (37 mètres de haut au maximum) contre un méga-toit plat à hauteur d’arbres. L’un fore la surface actuelle du Forum d’une quantité variable de derricks aux couleurs de flacons de parfum – audacieux. Le Néerlandais assure ainsi établir une connexion « dessus-dessous ». L’autre crée une vaste promenade, sorte de coulée verte entre la Bourse de commerce et le Forum proprement dit. Urbain… Plan-plan, disent les détracteurs. En surélévation du centre commercial, un « Carreau » éclairé de trouées de lumière, aux dimensions de la place des Vosges. Imposant, pour le moins. Ainsi semble se rejouer à trente ans d’écart une nouvelle bataille des anciens et des modernes.
Le collectif Rénovation des Halles, regroupant
dans un rare œcuménisme riverains et commerçants,
usagers des transports et habitants de divers arrondissements parisiens,
s’insurge. Pourquoi la SEM s’obstine-t-elle, selon lui, à privilégier
la proposition de Koolhaas alors que trente-et-une des trente-huit
associations consultées ont donné leur préférence
pour le projet Mangin ? Celui-ci répond, disent-ils, au double
vœu exprimé, en avril dernier, par les Parisiens
invités à juger sur pièces : préservation
de l’espace vert et limitation de la densité commerciale à l’existant. Face aux associations – et au bailleur des espaces
commerciaux, Espace Expansion, formellement opposé au projet
Koolhaas, la SEM va-t-elle persister à privilégier le
geste architectural ? « Dans ce cas, des recours sont possibles »,
menacent les associations…
Sylvie Santini |